FLORNOYSCOPE – Septembre 2022

Le 1 septembre 2022

Tous les mois nous vous proposerons une lettre avec les rubriques d’information Focus, Patrimoine, Allocations, Performances, dont les sujets varieront.

La version PDF est disponible ici ou ci-dessous. 

La version papier est disponible sur simple demande.

LE MOT DU DIRECTOIRE

JOYEUX ANNIVERSAIRE UKRAINE

Le 24 août la jeune Ukraine a vécu sa 31e année d’indépendance en pleine guerre pour défendre son indépendance. Elle a d’ailleurs reçu 3 milliards de dollars des États-Unis en « cadeau d’anniversaire ». Cela semble pointer vers une guerre d’usure longue. Pourtant, selon le Wall Street Journal, la fin de la guerre pourrait être plus proche qu’escompté car le conflit a d’ores et déjà permis aux États-Unis de réaliser bon nombre de leurs desseins traditionnels : renforcer l’OTAN, redonner à tous pays menacés l’envie de se remilitariser ce qui favorise l’industrie de l’armement américaine, affaiblir considérablement la Russie dès que le prix du gaz se dégonflera et affaiblir l’Allemagne, un partenaire stratégique de la Chine. Dès que cela sera jugé suffisant, les États-Unis pourraient mettre fin à leurs aides financières et militaires ce qui forcerait l’Ukraine à cesser le feu peu après. Une analyse intéressante et clé pour les marchés à l’heure où la récession semble inéluctable au sein du G10 à différents degrés d’intensité. Président Biden, c’est quand vous voulez ! Bonne reprise à toutes et tous.

Le Directoire

ESG : LE REVEIL AMÉRICAIN

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Teddy Dewitte

INFLATION REDUCTION ACT

C’est LE succès de l’administration Biden de cette année : le vote au cœur de l’été le 16 août de la « loi sur la réduction de l’inflation ». Ce nom relève plus de la punch line marketing et habile manœuvre politicienne que de la réalité, car cette loi mal nommée n’aura aucun impact sur l’inflation en 2022 ou 2023. En revanche, elle devrait se révéler cruciale, entre autre, pour la thématique des énergies propres et vise à réduire de 40% les émissions de carbone d’ici 2030. C’est énorme et c’est rapide. Ce qui est intéressant c’est que cela va s ’appliquer au 2e pays émetteur de CO² en valeur absolue et qu’il est également 4e pays émetteur de CO² par nombre d’habitant. C’est une excellente nouvelle et la raison justifiant la bonne tenue des valeurs exploitant les énergies renouvelables ou voitures électriques !

Autorisant de 369 milliards de dollars de dépenses sur 10 ans, la loi vise à faire progresser les objectifs de décarbonisation et d’énergie propre grâce à un éventail de crédits d’impôt, d’incitations et d’autres mesures, destinés à accroître l’innovation, le développement, la fabrication, la production, la distribution et l’utilisation d’énergies propres et renouvelables aux États-Unis. Il s’agit du plus gros investissement dans la lutte contre le changement climatique de l’histoire du pays et la première grande loi fédérale sur l’environnement depuis plus de 30 ans – cette loi historique vise également à renforcer la sécurité énergétique des États-Unis et à stimuler le développement d’une chaîne d’approvisionnement nationale robuste pour la production et le stockage d’énergie. Autant dire que lorsqu’un géant tel que les États-Unis commence à réellement bouger sur ces sujets, cela devrait largement porter les secteurs concernés en Bourse, d’autant que les habitudes américaines en la matière doivent faire preuve d’une énorme mutation puisqu’elles partent d’un niveau quasi zéro.

Une des illustrations emblématiques sur ce sujet est la renaissance spectaculaire du Hummer de General Motors en version électrique (4 tonnes, sic!). Le constructeur déclare « l’objectif du Hummer est de susciter l’intérêt pour les véhicules électriques auprès d’acheteurs qui, autrement, les ignoreraient ». Il s’agit en effet pour 75% des bons de commande du tout premier véhicule électrique (EV) acheté ! La Californie, quant à elle, veut 100% de voitures zéro émission en 2035. Le vrai marqueur sera la date que retiendra le Texas…

D’AUTRES INITIATIVES MAJEURES

A l’américaine, le milliardaire John Doerr a effectué début mai 2022 le plus gros don de l’histoire universitaire avec 1,1 milliards de dollars à l’université de Stanford afin de crée la « Doerr School of Sustainability » qui ouvre le 1er septembre 2022. L’école ne se contentera pas d’exploiter la puissance intellectuelle de ses étudiants et professeurs, mais s’associera également à des organisations externes dans le monde afin de co-développer des solutions innovantes et d’identifier de nouvelles idées par le biais de la recherche et de l’éducation. La Doerr School accueillera des départements axés sur la recherche interdisciplinaire, notamment les départements de la sécurité alimentaire et de l’eau, de la santé humaine et de l’environnement, et de la science du climat. Elle comprendra également le nouvel institut pour les sociétés durables, qui se consacrera à l’étude des pratiques économiques, institutionnelles et politiques qui constituent un mode de vie durable. Son accélérateur de durabilité sera consacré à l’augmentation de l’impact des efforts de durabilité grâce à des solutions politiques et technologiques. L’école centralisera les études sur la durabilité sur son campus et adoptera une approche interdisciplinaire tout en établissant des partenariats avec des parties prenantes externes. Elle a d’ailleurs dores et déjà fait un gros appel du pieds aux entreprises exploitant les énergies fossiles afin qu’elles lui fassent des dons.

ET LA CHINE ?

La Chine sème… des nuages. Au sens propre du terme. Pratiquée depuis la 2e guerre mondiale, la Chine est à la pointe de ce procédé météorologique artificiel à base d’iodure d’argent qui aide les nuages à produire des cristaux de glace, créant l’humidité qui se transformera en pluie. L’intense sécheresse qui sévit depuis le mois de juin est peut être la pire depuis 500 ans en Europe, mais c’est également la plus sévère de l’histoire chinoise.

On peut espérer que le premier émetteur de CO² au monde saisisse ces entraves directes et dévastatrices sur son économie qu’elle chérit tant pour s’impliquer plus et rapidement dans l’ESG.

PROTECTION DU CONJOINT : LA CLAUSE DU PRÉCIPUT

Olivier de Guébriant

Méconnue, la clause de préciput mérite, selon nous, d’être plébiscitée pour la protection du conjoint. La donation au dernier vivant ou donation entre époux, très démocratisée, me semble moins pertinente. Et rien n’empêche de mettre en place les deux en même temps.

Notamment dans le cadre des personnes mariées selon le régime légal (communauté réduite aux acquêts qui est le régime par défaut sans contrat de mariage) qui représentent plus de 80% des mariages en France.

En effet, une clause de préciput ne peut s’appliquer que sur des biens communs. Or, avec le régime légal, tous les biens acquis pendant le mariage sont communs sauf stipulation d’acquisition avec des fonds propres (cela peut être le cas de bien acquis avant le mariage ou reçus par donation et/ou succession).

En cas de décès d’un conjoint, la clause de préciput permet au conjoint survivant de prélever avant partage tout ou partie des biens étant visés par le préciput sans aucune contrepartie financière. Le préciput est une convention, un avantage matrimonial et n’est donc pas soumis aux règles du rapport et de la réduction. Attention cependant en cas d’enfants non communs ou ceux-ci peuvent exercer une action en retranchement si leur réserve n’est pas assurée du fait de l’importance du préciput au regard du patrimoine du parent prédécédé. Son cout relativement modeste (de 1000 à 1500 euros) et sa souplesse sont des atouts forts.

Comme tous les avantages ou modifications des régimes matrimoniaux, c’est une libéralité qui offre la liberté du cantonnement. On l’applique si on le souhaite et bien par bien.

Prenons l’exemple concret d’un couple marié avec deux enfants. N’ayant pas contracté de contrat de mariage, ils sont par défaut mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts. Tous les biens acquis ensemble entrent dans la communauté. Ils ont acquis suite à leur mariage leur résidence principale et une résidence secondaire. Ils sont donc propriétaires à 50/50 de celles-ci.

En cas de décès de l’un d’eux, la moitié de ces deux biens immobiliers entrera dans la succession. Le conjoint survivant aura le choix entre prendre 100% de l’usufruit de 50% de ceux-ci ou ¼ en pleine propriété. Dans la grande majorité des cas, le conjoint opte pour l’usufruit, et se retrouve donc en démembrement avec ses enfants. Le conjoint survivant est alors plein propriétaire de 50% des deux biens immobiliers et usufruitier des 50% reçus par succession. Les enfants sont nus propriétaires de 50% des biens immobiliers, or un usufruitier peut jouir directement (en l’occupant) ou indirectement (en le louant et en touchant les loyers) et librement de son bien. Mais cette liberté n’est plus pour tous les actes de disposition.

En cas de vente, les nus propriétaires doivent donner leur accord et s’ils le donnent, ils toucheront leur part du fruit de la vente sauf s’ils donnent leur accord pour poursuivre le démembrement. En présence d’enfants mineurs, ils ne peuvent donner leur accord et il faudra faire appel à un juge des tutelles pour l’obtenir…

Avec une clause de préciput, le conjoint survivant peut rester plein propriétaire du ou des biens visés par celle-ci s’il décide de l’appliquer. Et ainsi en jouir et en disposer librement !

Nous vous conseillons de vous rapprocher de votre gérant privé au 0142865300 afin de répondre à vos questions et pour échanger sur les meilleures solutions à retenir en matière patrimoniale, que ce soit sur l’aspect civil ou de la diversification des produits en fonction de vos attentes.

NOS VUES

Début Juillet, nous étions méfiant vis-à-vis des hausses de marché car il est très courant dans les phases de baisse cyclique d’assister à de nombreux faux rallyes avant d’exhausser complètement le mouvement de baisse qui représente environ -30% au total. Nous n’avons donc pas bénéficié de la hausse de l’été alimentée par les espérances de voir la Fed pivoter vers une attitude plus accommodante et qui a repositionné le marché au milieu du gué. Pour cette rentrée, nous n’avons pas changé d’avis et avons même augmenté notre pourcentage de cash dans nos fonds actions et diminué notre exposition aux États-Unis. Nous pensons prématuré tout changement de ton de la Fed vis-à-vis de l’inflation d’autant que le marché de l’emploi se porte encore très bien. De façon générale, les banques centrales veulent plutôt faire plus que pas assez dans leur combat contre l’inflation. Nous nous attendons donc à ce que les hausses de taux continuent avec un ton plus ferme que n’attend le marché.

La guerre du gaz menace très concrètement et particulièrement l’économie européenne dès cet hiver mais l’enjeu est surtout l’hiver 2023/24. En effet, il n’y aura jamais d’arbitrage politique entre limiter la consommation des particuliers (qui votent !) et restreindre les usines. Si les Européens ont réussi à quasiment faire le plein pour cet hiver, il faudra compter sur la compétition de l’Asie hors Chine durant l’hiver prochain. Les États-Unis sont moins concernés grâce à leur souveraineté énergétique, mais la détermination de la Fed à casser l’inflation par sa hausse rapide et importante des taux menace l’économie et pourrait doucher les espoirs de la voir atterrir en douceur. Par ailleurs, l’économie n’est pas la bourse, notamment dans leur composition sectorielle. Le redémarrage post COVID a favorisé la demande des biens (60% de la bourse mais 30% de l’économie) mais il est désormais à prévoir un changement de la demande vers les services (40% de la bourse et 60% de l’économie). Rebalancement plutôt moins favorable pour la bourse et qui se traduira dans les prochains résultats d’entreprises. Côté secteurs, comme abordé dans notre section « FOCUS », le vote de « l’Inflation Reduction Act » aux États-Unis devrait favoriser sur le long terme les énergies renouvelables, les véhicules électriques, les infrastructures vertes, les utilities US et les matériaux de construction connexes à ces sujets.

Les matières premières se reprennent après leur chute (hors gaz) de l’été et font craindre de déplacer plus tardivement le pic d’inflation en Europe. Au UK on parle tout de même de 13% à 18% !

Sur les obligations, notre positionnement est vendeur (short) sur le directionnel des taux et notamment sur le point 5 ans des courbes. Nous restons à l’écart de l’Italie qui est dans sa dernière ligne (d’extrême) droite d’élections prévues ce mois ci le 25 septembre. Côté crédit, nous conservons une exposition longue sur le high yield de maturité courte et sommes neutre sur l’investment grade.

TABLEAU DE BORD

LE CAP DE LA GESTION COLLECTIVE FLORNOY

Actions

Positionnement cible :   49% (-1%) défensives, 39% (-2%) cycliques, 11% (+2%) cash

Secteurs : 

renforcement : Alimentation & boissons, Consommation discrétionnaire, Autos, Industrie, Services Financiers, Pétrole

allègement :     Santé, Distribution, Utilities, Banques, Assurances, Matériaux de base

Obligataire

Positionnement cible :  47% (-3%) taux fixe, 43% (-2%) taux variable, 4% (=) convertibles, 6% (+5%) cash

Rating : 47% (-3%) taux fixe, 43% (-2%) taux variable, 4% (=) convertibles, 6% (+5%) cash

Secteurs : 71% (-5%) finance, 11% (=) industrie, 7% (=) technologie/communications, 4% (=) biens conso cyclique, 1% (=) matériaux de base, 6% (+5%) cash

FONDS FLORNOY FERRI