FLORNOYSCOPE – Octobre 2022

Le 1 octobre 2022

Tous les mois nous vous proposerons une lettre avec les rubriques d’information Focus, Patrimoine, Allocations, Performances, dont les sujets varieront.

La version PDF est disponible ici ou ci-dessous. 

La version papier est disponible sur simple demande.

LE MOT DU DIRECTOIRE

ÉPOQUE FORMIDABLE INTERDITE AUX MOINS DE 50 ANS

Les mouvements de marchés actuels sont tels qu’il faut avoir été opérateur de marché au moins en 1994, si ce n’est en 1980, pour se rappeler d’une partie des réflexes nécessaires. Hors, tout le monde n’a pas 50 ou 60 ans dans les salles de marché ! A l’heure où le gouvernement réfléchit à l’introduction d’un quota de senior (+45ans) dans les entreprises, on peut dire que l’environnement s’y prête. En Asie, on trouve d’autres solutions : un robot virtuel sous la forme d’une humanoïde féminine dotée d’une intelligence artificielle devient PDG d’une société de jeux vidéo de plus de 6.000 salariés et affichant un revenu supérieur à 1 milliard d’euros. Le but affiché est de ne  prendre que des décisions rationnelles et transparentes dans les domaines de l’administratif et de la gestion mais aussi de faire passer l’efficacité opérationnelle à un niveau supérieur. Il sera intéressant de voir l’attitude de cette « Madame Tang Yu » face aux crypto monnaies. Sur une note plus humaine, espérons qu’elle ne commencera pas par annuler la fonction de DRH, histoire de laisser un peu de sentiment. Une époque formidable on vous dit.

Le Directoire

L’ASIE, CETTE AUTRE PLANETE

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Teddy Dewitte

TRAJECTOIRES OPPOSEES

L’Occident a les yeux rivés sur les niveaux d’inflation et connaît un taux de chômage au plus bas historique faisant craindre des effets de second tour qui prolongeraient dangereusement la durée de l’inflation. C’est donc très logiquement qu’il a laissé ses grandes banques centrales mener un combat âpre à coup d’énormes hausses de taux successives qu’on n’avaient pas vu depuis 40 ans. De l’autre côté du monde, l’ambiance est tout autre. Au Japon, le gouverneur de la BoJ Kuroda se retire en Avril 2023, mais en attendant, il continue de tenir sa ligne d’une politique monétaire ultra accommodante tandis que l’Occident remonte les taux aussi rapidement qu’il le peut. Cette différence majeure dans la perception de ce dont a besoin l’économie de son pays a envoyé le Yen au tapis, perdant 40% (!!) en 20 mois. C’est très impressionnant. Tellement, que pour la première fois en 24 ans la BoJ est intervenue sur le marché des changes pour freiner la glissade contre le USD à 146.5 Yen. Apres avoir cherché a créer de l’inflation depuis 30 ans, dont 20 ans de déflation et après le choc du COVID, le Japon souhaite profiter de cette « aubaine » pour redémarrer son économie.

Mais en Asie, le Japon n’est pas le seul pays a adopter une politique ultra accommodante. La Russie, pour d’autres raisons bien sur, baisse ses taux mais c’est aussi et surtout le cas de la Chine. La pays a été touché par un ralentissement économique massif suite à sa politique zéro COVID, ses difficultés d’approvisionnement énergétique dans le centre du pays et l’étouffement de l’accélération de son marché immobilier. Cette situation est complètement orthogonale avec son objectif de devenir la première économie mondiale d’ici 2035. On s’attendait donc à des réactions majeures et elles se sont traduites par des baisses des taux directeurs chinois à leur niveau historiquement bas et l’affaiblissement voulu de la devise offshore (pour les non résidents). Le Yuan a repassé la barre des 7 Dollar US pour la première fois en deux ans, et traite désormais à son niveau de 2008. Elle ne devrait cependant pas en rester là. Alors que nous commençons tout juste à voir un assouplissement lié aux mesures sanitaires à Hong Kong, le 20e congrès du Parti Communiste Chinois (PCC) le 16 octobre pourrait être le moment idéal pour annoncer un plan de relance massif qui viendrait compléter celui de 1,000 milliards de yuans (140 milliards d’euros) de fin août.

Alors que des rumeurs couraient sur un potentiel affaiblissement de Xi Jinping suite aux déboires économiques du pays et à la grogne liée à sa politique de zéro COVID, la date avancée du congrès témoigne de l’absence d’opposant. Le consensus règne autour du leader du Parti qui devrait être confirmé pour un 3e mandat et prendrait potentiellement le titre de « Président » qu’avait Mao Zedong et inoccupé depuis 1982. Peu de surprises attendues côté politique (probablement pas de femmes au Politburo hormis une). Il n’en reste pas moins qu’une fois les coudées franches, Xi Jinping et son nouveau Premier Ministre devront réagir promptement sur le plan économique car le chômage des jeunes explose en Chine et depuis l’importante sècheresse qui a beaucoup touché le pays cet été, il pourrait également réagir dans le domaine de l’ESG. La crise majeure de l’immobilier (20% à 30% du PIB soit 2x plus que dans les économies occidentales) qui s’apparente à une chaîne de Ponzi et reste un gros obstacle pour la reprise chinoise. Désormais un taux étourdissant de 30% des prêts hypothécaires sont classés en créances douteuses et plus de 2 millions de maisons sur plan sont inachevées dans le pays. Elles représentaient 90% des ventes en 2021. Les promoteurs utilisaient l’argent des clients pour financer leur prochain projet jusqu’à ce que le pouvoir en place arrête la musique avec Evergrande. Le challenge est donc énorme pour Xi Jinping alors que les marchés espèrent du positif depuis 2021. Ils attendent donc beaucoup, peut être trop du congrès de mi-octobre…

Sur le plan géopolitique, on a vu le « grand frère chinois » afficher sa préférence pour la fin du conflit ukrainien auprès de Poutine mi-Septembre, puis à nouveau ne plus soutenir la Russie aux Nations Unis fin Septembre en appelant à négocier le fin de la guerre, malgré avoir juré un « lien indéfectible »  juste avant l’invasion en Février. La guerre n’est pas bonne pour les affaires chinoises et le pays souhaite aligner les éléments pour son redémarrage post COVID. C’est sans compter sur les américains dont le panel du Sénat a adopté un projet de loi prévoyant 6,5 milliards de dollars pour financer les armes de Taiwan. Le suspense reste donc entier pour cet « Octobre rouge ».

LE MANDAT DE PROTECTION FUTURE

Geoffroy de Sesmaisons

En avançant en âge, une de nos préoccupations devrait être de faciliter la vie de nos proches à même de s’occuper de nous si nous venions à être empêchés.

Ainsi, le mandat de protection future permet à une personne majeure et capable (mandant), d’anticiper une éventuelle perte de capacité physique et mentale en désignant un mandataire qui prendra le relai de la gestion de ses affaires. Ce mandat permet aussi de protéger son enfant handicapé.

Lorsqu’il est conclu, le mandant doit être en possession de toutes ses facultés. Ce mandat sera «déclenché» au moment où il est médicalement constaté que les facultés sont altérées.

La cause du mandat est, pour le mandant, l’expression de sa crainte d’une « impossibilité de pourvoir seul[e] à ses intérêts en raison d’une altération, médicalement constatée, soit de ses facultés mentales, soit de ses facultés corporelles de nature à empêcher l’expression de sa volonté ».

Le mandat peut prévoir deux types de protection : patrimoniale et personnelle (exemple : aspects médicaux, le mandataire peut participer à la décision médicale). 

Le mandat doit être établi par écrit, il y a essentiellement trois formes :

–  Le mandat sous seing privé qui doit être daté et signé de la main du mandant et doit obligatoirement être établi conformément au modèle réglementaire défini par décret.

–  Le mandat sous seing privé contresigné par un avocat, il permet de s’éloigner du modèle et de prévoir des situations particulières.

–  Le mandat établi sous forme authentique, acte notarié, il ouvre le champ des possibles et est obligatoire si un parent agit pour son enfant handicapé.

Pour la gestion du patrimoine, le mandat sous seing privé permet au mandataire d’effectuer des actes conservatoires et d’administration, au-delà, un juge des tutelles doit intervenir.

Les actes de disposition (cession immobilières, rachat contrat d’Assurance Vie) nécessitent un mandat établi sous forme authentique.

L’expérience montrant que le mandataire peut être amené à effectuer des actes de disposition, (Cession immobilière pour financer les charges de type maison médicalisée, rachats sur des contrats d’assurance Vie, etc.), mieux vaut établir un acte notarié (mandat sous forme authentique). Cela permet au mandataire de gérer, mais il ne pourra pas, sans l’intervention du juge des tutelles effectuer des actes de disposition à titre gratuit de type donation, testament, modification de la clause bénéficiaire d’un contrat d’Assurance vie. Il ne pourra pas non plus, sans l’autorisation du juge, vendre ou louer la résidence principale du mandant. Dans les faits, le notaire en charge de la vente se charge de cette formalité.

A noter que votre conseiller en gestion de patrimoine favori peut se voir confier une mission d’assistance du mandataire, voire de contrôle ou d’audit de ses actes. D’expérience, ce regard d’un tiers peut être utile vis à vis du reste de la famille.

Le mandat ne prive pas le mandant de sa capacité à agir. Ainsi, s’il venait, de son propre chef ou sous influence à effectuer des actes inappropriés, le juge peut décider de placer le mandant sous tutelle ou curatelle.

Le mandat de protection future est un outil parfait pour permettre à l’un de nos proches de prendre le relai de la gestion de nos affaires. Il convient d’y réfléchir pour préciser les contours avec vos conseillers FLORNOY FERRI habituels au 0142865300, et de passer par un notaire pour finaliser. Enfin, il produira ses pleins effets et se déroulera plus harmonieusement si l’ambiance familiale est à la coopération.

NOS VUES

Lorsque l’inflation cœur américaine surprend à la hausse (de 3 écarts type) c’est décevant pour la Fed, mais lorsqu’elle augmente grâce à l’inflation des services alors que la contribution de l’énergie diminue, là cela nécessite une Fed BEAUCOUP plus agressive qu’anticipé. C’est ce qui se passe de façon discontinue depuis le CPI d’Aout. Plus vite et fort la Fed réagit, plus vite les Etats-Unis pourront régler les déséquilibres du post-COVID. Le hic c’est que la Fed est aussi un peu la banque centrale du Monde et qu’on ne souffre pas tous des mêmes maux. On en revient au fameux « c’est notre devise mais c’est votre problème ». N’en déplaisent à ceux qui pointe la chute des matières premières invoquant l’erreur historique de politique monétaire : l’inflation commençait à se déplacer vers les effets de second tours très pernicieux et persistants. Tout est relatif, en Argentine l’inflation est à 100% et les taux à … 75% !

En attendant, le vendredi 23 septembre a marqué la ruée sur la couverture des portefeuilles avec 33 millions de PUT (protection contre la baisse du marché) échangés, soit le record historique depuis la collecte de cette donnée. Graphiquement, les indices mondiaux ont mal clôturé, ouvrant un potentiel de baisse d’environ 10%. Atteindre un tel niveau complèterait le mouvement de correction attendu. En effet, la moyenne historique de l’ampleur d’un bear market cyclique est de -30%.

Pour l’instant, il manque 4 conditions habituellement observées pour qu’un retournement de marché intervienne : des valorisations peu chères (PER projetés), l’amélioration des chiffres économiques, un pic des taux d’intérêts ou un changement dans l’action de la Fed et enfin un positionnement de marché qui capitule avec un sentiment négatif extrême. Hors le sentiment de marché est certes mauvais, mais les ETF actions ont connus leur 3e plus gros flux acheteur de l’année, ce qui indique que la capitulation n’est clairement pas encore arrivée à l’heure où ces lignes sont écrites.

La baisse de l’or, poussée par la plus grosse position ouverture « short » depuis 4 ans, est interprétée comme un sentiment de panique alors qu’il y a de l’inflation et un risque non nul de 3e guerre mondiale. En réalité, c’est plutôt la confiance en l’action de la Fed pour juguler l’inflation qui porte ses fruits et pèse sur l’or. Du côté positif, les bilans restent très sains et solides, que ce soit ceux des banques ou des entreprises. Cela contribue d’ailleurs a des anticipations de marges qui restent malgré tout trop élevées. Le marché des changes illustre la mieux les catastrophes pour le UK, le Japon mais également pour l’Europe : l’EUR s’affaiblit de 20% en 16 mois et la balance commerciale européenne s’est … effondrée ! C’est exactement le contraire qui devrait se passer.

Nous conservons nos couvertures et niveaux de cash important sur les portefeuilles actions. Nous gardons en tête qu’historiquement les actions se reprennent après les élections de MidTerm. Si certains des 4 éléments précités apparaissent d’ici là nous pourrions avoir le point d’entrée sur les actions. Sur les taux nous sommes toujours short en directionnel et maintenons une duration ultra courte. Notre exposition se concentre sur le high yield court.

TABLEAU DE BORD

LE CAP DE LA GESTION COLLECTIVE FLORNOY

Actions

Positionnement cible : 50% (+1%) défensives, 38% (-1%) cycliques, 12% (+1%) cash

Secteurs :                  

renforcement :   Alimentation & boissons, Santé, Utilities, Banques

allègement :   Industrie, Distribution

Obligataire

Positionnement cible :  49% (+2%) taux fixe, 43% (=) taux variable, 3% (-1%) convertibles, 5% (-1%) cash

Rating :                 37% (-1%) invest. grade, 38% (+3%) high yield, 20% (-1) non noté, 5% (-1%) cash

Secteurs :              74% (+3%) finance, 10% (-1%) industrie, 7% (=) techno/communications, 5% (-1%) cash