FLORNOYSCOPE – Juillet 2023
Tous les mois nous vous proposerons une lettre avec les rubriques d’information Focus, Patrimoine, Allocations, Performances, dont les sujets varieront.
La version PDF est disponible ici ou ci-dessous.
La version papier est disponible sur simple demande.
LE MOT DU DIRECTOIRE
FIAT BITCOIN
Le Bitcoin a été conçu comme un réseau de paiement pair à pair en réponse à la crise financière mondiale de 2008. C’était un projet anti-establishment, anti-institutionnel, anti Wall Street, qu’on pouvait comparer à la version numérique du mouvement « Occupy Wall Street ». Ses premiers utilisateurs ne voulaient pas être intégrés dans les systèmes financiers traditionnels, d’où leur focalisation sur la nature décentralisée du cryptoactif. 15 ans plus tard, on constate avec une certaine ironie que les plus grands gérants d’actifs mondiaux tels que BlackRock ou Fidelity proposent des ETFs sur ce sous-jacent et que les grandes banques de Wall Street comme JPMorgan, Morgan Stanley, Goldman Sachs ou Bank of America font du trading de toutes sortes sur le Bitcoin. Force est de constater qu’il ne reste plus grand-chose de l’esprit initial. Lorsque prendre une exposition au Bitcoin est rendu possible et facilité par des acteurs tels que ceux mentionnés ci-dessus, il est difficile d’être plus « Wall Street » que cela. L’engouement renouvelé pour le cryptoactif est la résultante de l’implication de Wall Street à son envers. Wall Street a donc finalement déclaré « fiat Bitcoin », en latin « que cela soit ».
Le Directoire

LA VOLATILITÉ : BON SIGNAL DE RETOURNEMENT

Vous avez certainement entendu parlé du VIX. Le nom vient de la contraction de l’anglais « Volatility IndeX ». Il s’agit de l’indice de volatilité créé et calculé depuis 1993 par la bourse de Chicago (Chicago Board Options Exchange) portant sur l’indice phare des actions américaines, le S&P500. Les romantiques l’appellent « l’indice de la peur » ou « mesure de la panique ». Les marchés financiers étant constamment soumis à des variations, la création du VIX a permis de mesurer l’appétit pour le risque sur les marchés, ce qui lui a permis de prendre un rôle assez central sur les décisions d’investissement.
Il est important de noter que le VIX ne mesure pas la direction des mouvements de marché, mais plutôt l’intensité de leurs fluctuations. Une hausse du VIX peut indiquer que les investisseurs s’attendent à des mouvements de prix plus importants, qu’ils soient à la hausse ou à la baisse. Par conséquent, il est essentiel d’interpréter le VIX en conjonction avec d’autres indicateurs et données pour prendre des décisions d’investissement éclairées.
DÉFINITION & INTERPRÉTATION
Le VIX est obtenu grâce au prix des options sur le S&P 500. Il est calculé grâce à une formule complexe détaillée dans le livre blanc de la bourse de Chicago (https://www.sfu.ca/~poitras/419_VIX.pdf). Dans les grandes lignes, il est calculé en faisant la moyenne des volatilités implicites des options d’achat (call) et de vente (put) du S&P500. Ces options sont pondérées et agrégées pour finalement être transformées en pourcentage pour représenter le niveau de volatilité attendue sur une base annualisée. Par exemple, un VIX de 20 signifie une volatilité attendue de 20% sur une base annuelle.
Lorsque le VIX est élevé, cela signifie généralement que les investisseurs anticipent une volatilité accrue et une incertitude sur les marchés financiers. À l’inverse, un VIX bas indique un sentiment de confiance et de stabilité sur les marchés. Le VIX joue un rôle essentiel dans la gestion des risques et l’élaboration de stratégies d’investissement. Les investisseurs utilisent souvent le VIX pour évaluer le niveau de volatilité du marché et pour ajuster leurs portefeuilles en conséquence. Par exemple, lorsqu’il y a une hausse du VIX, certains investisseurs peuvent décider de réduire leur exposition aux actions et d’augmenter leurs positions en liquidités ou en actifs considérés comme moins risqués, tels que les obligations d’État. Par exemple, entre 10 et 15, la volatilité du marché est faible, cela traduit une certaine complaisance et un marché souvent haussier. Entre 20 et 30, cela reflète une certaine nervosité et indécision. Au-delà de 30, la forte volatilité est souvent associée à une chute des cours et le franchissement du seuil des 40 correspond à des crises financières telles que les subprimes (80), la crise des dettes souveraines (47), le COVID-19 (80). Récemment, la crise des banques régionales américaines a poussé l’indice jusqu’à 30 en mars 2023.
SITUATION ACTUELLE
La volatilité ne se limite pas seulement aux actions. Un autre indice majeur de mesure de volatilité, sur les obligations cette fois, est à surveiller : le « MOVE » (Merrill Lynch Option Volatility Estimate) crée en 1988 sur les options des contrats à terme de taux d’intérêt du Trésor américain. Il obéit aux mêmes principes. Lorsque l’on étudie ces mesures de volatilité, on observe qu’elles ont une saisonnalité (cycle récurrent d’évolution durant les différents mois de l’année) et il est souvent utile de les comparer l’une à l’autre. C’est ainsi qu’en ce moment, nous sommes dans une situation où ni le VIX, ni le MOVE ne sont stressés. Le ratio VIX/MOVE à 0,13 contre 0,77 pendant le COVID-19, est au plus bas depuis leur création il y a 25 ans, dépeignant ainsi une grande complaisance des acteurs vis à des actifs risqués. En parallèle, on observe que la saisonnalité du VIX est actuellement dans le creux de l’année et que sa corrélation avec les actions est extrêmement positive.
Si l’on part du principe qu’en interprétant correctement tous ces éléments de mesure, les investisseurs peuvent prendre des décisions d’investissements plus éclairées et mieux gérer les risques, on peut considérer que le niveau actuel nous donne une information importante : on touche à la fin de la période qui offrait une certaine visibilité découlant de l’urgence de combattre l’inflation et se matérialisant par des hausses de taux. Nous devrions être témoin de mouvements beaucoup plus volatiles cet été, probablement en Aout, si l’on se réfère à la saisonnalité. Soyez prêt sur la plage !

LOCATION MEUBLÉE EN SARL DE FAMILLE

La constitution d’une société à responsabilité limitée (SARL) est recommandée pour effectuer un investissement immobilier locatif meublé en famille. Il peut être intéressant d’intégrer la résidence secondaire si cette dernière a vocation à être louée de façon saisonnière. La SARL vous permet d’optimiser la fiscalité, la gestion et la transmission de votre patrimoine à vos enfants tout en conservant le contrôle.
Pour créer une SARL de famille, vous devez être associés d’une même famille (conjoint, partenaire de PACS, enfants, petits-enfants, frères et sœurs). La société doit exercer uniquement une activité commerciale, industrielle, artisanale ou agricole.
La location meublée est une activité commerciale, qui peut donc être exercée dans une SARL de famille. En revanche, la location nue est impossible. Les statuts de la société doivent être rédigés avec précaution car ils fixent les règles du jeu entre les associés, vis-à-vis des tiers, en cas de décès, etc. Un professionnel peut vous aider à les rédiger. Un gérant de la SARL sera nommé, il aura plus ou moins de pouvoirs en fonction de ce qui est précisé dans les statuts : il peut même avoir le droit de vendre les biens détenus par la société. Si vous êtes mariés ou pacsés, vous pouvez être cogérants.
INVESTIR DANS DES BIENS LOUÉS MEUBLÉS (LOCATION SAISONNIERE OU HABITATION)
La SARL peut acheter les biens meublés et faire un emprunt. Mais vous pouvez aussi lui transférer la propriété de biens que vous détenez déjà, dans ce cas vous avez 2 options :
- Apporter vos biens à la SARL
- Vendre vos biens à la SARL
L’un des points forts de la SARL de famille, c’est qu’elle peut opter pour l’impôt sur le revenu. Les loyers perçus sont imposés entre les mains de chaque associé, à proportion des parts détenues dans la société.
Ce n’est pas le loyer encaissé par chaque associé qui est fiscalisé, mais le loyer diminué des charges supportées. A ce titre, chaque associé est imposé selon le régime réel des BIC (bénéfices industriels et commerciaux) avec un taux de taxation qui dépend de sa tranche marginale d’imposition (11 % à 45 %) et des prélèvements sociaux (17,2 %) voire des cotisations sociales (si vous êtes gérant majoritaire). A noter : Le régime micro-BIC n’est pas applicable en SARL de famille.
Régime réel BIC : déduction des charges réelles (intérêts d’emprunt, frais d’assurance, taxe foncière…) et amortissement comptable des constructions et travaux. L’amortissement comptable c’est la constatation annuelle de la perte de valeur d’un bien immobilier du fait de l’usure ou du temps. Il permet de déduire une charge « fictive » (= correspondant à la dégradation de l’immeuble) des loyers encaissés, sans impact sur la trésorerie. Attention : l’amortissement a un impact sur le résultat distribuable : aucune distribution n’a lieu si le résultat reste négatif ou nul. Des solutions permettent d’anticiper cette solution (constitution d’un compte courant d’associé par exemple).
TRANSMETTRE A MOINDRE COUT
La SARL de famille vous permet de réduire le coût de la transmission car :
1) Le passif de la société vient réduire la valeur des parts sociales (emprunt pour acheter le bien, compte courant d’associé). Il est moins couteux de transmettre les parts sociales de SARL que l’immeuble directement
2) En donnant seulement la nue-propriété des parts sociales à vos enfants, les droits de donation seront moins importants, car calculés sur une base moins importante (celle de la nue-propriété). Lors de votre disparition, l’usufruit s’éteint et vos enfants deviendront plein propriétaires de tout le patrimoine immobilier de la SARL.
La SARL impose certaines contraintes de gestion, telle que la tenue de comptabilité ou encore l’organisation d’une assemblée générale annuelle. Chaque année, dans les 6 mois de la clôture de l’exercice, vous devrez en tant que gérant, présenter les comptes pour approbation par l’assemblée des associés.
La SARL de famille vous permet de détenir les biens à plusieurs sans les soucis de l’indivision. L’indivision impose que les décisions les plus importantes soient prises à l’unanimité, ce qui, en cas de désaccord, peut vite entraîner des situations de blocage. A l’inverse, les statuts de la SARL doivent justement prévoir comment éviter les situations de blocage.

NOS VUES
La plus grande surprise du premier semestre n’est pas venue de la faillite des banques régionales américaines, mais de la progression exponentielle de l’intérêt pour l’intelligence artificielle, provoquant une concentration jamais vue jusqu’alors dans l’attribution de performance des indices boursiers américains. Même si l’explosion à la hausse du cours de NVIDIA provient bien de la réaction d’une multiplication impressionnante de son chiffre d’affaires, il est difficile de ne pas se rappeler de CISCO et consort en 2000, qui avaient eux aussi continué à alimenter les marchés avec de beaux bénéfices et chiffres de croissance, mais pas à la hauteur des espoirs suscités par la révolution internet. Néanmoins, à l’heure actuelle, personne ne souhaite se mettre en face et vendre ces titres tant la révolution de l’IA est porteuse d’espoir de croissance et de gains de productivité. En tout cas, nous sommes encore bien trop tôt dans le mouvement pour que les opérateurs osent jouer une correction. D’un point de vue plus macro, la récession ultra annoncée et qui a de plus en plus de chance de se matérialiser avec la reprise des resserrements monétaires des grandes banques centrales, contribue dans le doute à favoriser les actions de type croissance. En effet, l’impact des taux réels sur les valeurs de croissance est devenu une composante de second rang au profit de la révision des BPA. Le travail des analystes de repricing à la baisse des perspectives de bénéfices a été accentué par le scénario central de récession à venir. Si celle-ci peine à se matérialiser comme le pensent certains stratèges, il y aura mécaniquement des effets de surprise à la hausse qui supporteront les actions pour le T2 et T3. Face à ces éléments, nous pensons que les marchés actions devraient traiter dans un range pendant l’été et notamment avant les meetings assez déterminant des 27/28/29 juillet de la Fed, BCE et BoJ. Nous avons progressivement réduit notre exposition aux actions européennes au profit des actions américaines. Nous devrions continuer ce mouvement car le niveau actuel dans les portefeuilles reste encore loin du niveau d’équilibre historique de notre allocation stratégique.
Les niveaux ultra bas de volatilité du marchés (VIX et MOVE, cf. section FOCUS) laissent craindre un évènement surprenant en Aout. Il y aurait peu de résistance de la part des investisseurs à délaisser les actions au profit du monétaire lorsque l’on observe qu’aux Etats-Unis, le niveau du cash, des obligations et des P/E prévisionnels à 12 mois traitent tous à 5,00%. Une grande première dans l’histoire. Dans cet environnement, nous continuons d’aimer l’obligataire et notamment la protection qu’offre le crédit sur la partie courte de la courbe. Nous maintenons les Legacy Tier1 et les financières LT2 périphériques comme la Grèce ou le Portugal.
TABLEAU DE BORD

LE CAP DE LA GESTION COLLECTIVE FLORNOY
Actions
Positionnement cible : 59% (+1%) défensives, 39% (=%) cycliques, 2% (-1%) cash
Secteurs : renforcement : Technologie, Banques
allègement : Industrie, Consommation discrétionnaire
Obligataire
Positionnement cible : 48% (-2%) taux fixe, 46% (=%) taux variable, 2% (=%) convert, 4% (+2%) cash
Rating : 40% (=%) invest. grade, 39% (-2%) high yield, 15% (=%) non noté, 4% (+2%) cash
Secteurs : 76% (-2%) finance, 10% (=%) industrie, 3% (=%) techno/com, 3% (+1%) biens conso cyclique, 2% (=%) biens conso non cyclique, 1% (=%) matériaux de base, 1% (=%) énergie, 4% (+2%) cash

A LA CLOTURE DU 29 JUIN 2023


