FLORNOYSCOPE – Mai 2023

Le 28 avril 2023

Tous les mois nous vous proposerons une lettre avec les rubriques d’information Focus, Patrimoine, Allocations, Performances, dont les sujets varieront.

La version PDF est disponible ici ou ci-dessous. 

La version papier est disponible sur simple demande.

LE MOT DU DIRECTOIRE

LA MUE DE L’IMMO

BREP X. C’est le nom du dernier millésime de fonds immobilier du géant américain Blackstone qui a bouclé une levée de 30,4 milliards de dollar pour son Blackstone Real Estate Partners X. Le marché de l’immobilier reste très fortement corrélé aux taux d’intérêts avec un décalage de 6 à 12 mois. Il a donc été négativement affecté par leur hausse brutale. Le montant de la levée impressionne et contraste fortement avec l’ambiance atone du marché actuel. Mais le plus intéressant est peut-être ailleurs. En effet, l’immobilier obéit à des cycles longs et rebondira, d’autant que le cycle de hausse des taux touche à sa fin. Mais cette fois, la composition des investissements du prochain cycle semble durablement modifiée. A ce titre, BREP X a communiqué sur le déploiement vers le résidentiel locatif, l’hôtellerie, la logistique, les data centers ou encore les actifs dédiés à la santé ou la retraite. Le grand absent est l’immobilier de bureau, pourtant central dans les allocations depuis 10 ans, il est touché de plein fouet par les effets du télétravail. En France, 6 millions de mètres carrés sont vacants dont 2 millions depuis plus de 2 ans. Sans transformation point de salut !

Le Directoire

DÉDOLLARISATION OU L’ÉROSION DU BILLET VERT

Teddy Dewitte

La puissance du dollar américain repose sur 2 piliers : son rôle de monnaie réserve de prédilection des banques centrales et son utilisation dominante dans la finance et le commerce mondial. La position américaine en la matière est célèbre et enseignée dans les écoles : c’est le fameux « benign neglect » (négligence bénine) de la déclaration du secrétaire d’Etat aux Finances Américain, John Conally « le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ». Cette formule est contemporaine à la création du régime des changes flottants dans lequel le monde s’est installé depuis que l’Administration Nixon décida de suspendre la valeur or du dollar. Pourtant, depuis quelques années déjà et encore bien plus depuis le début de la guerre en Ukraine, le concept de « dédollarisation » s’accélère. La recherche d’une plus grande indépendance financière et politique contre les risques liés aux sanctions économiques, ainsi que la réduction de l’influence économique et politique des États-Unis dans le monde ont poussé plusieurs pays à accélérer le processus.

Les pays du Sud souhaitent de moins en moins détenir des actifs en dollars, mais ils ont du mal à se défaire de ce dernier pour leurs transactions financières. On note d’ailleurs la volonté de création d’une monnaie sud-américaine commune « Sur » (le Sud) par le Brésil et l’Argentine sur le modèle de l’Euro afin de limiter la dépendance au dollar pour les transactions financières et commerciales. Ce dernier pèserait 5% du PIB mondial contre 25% pour les Etats-Unis, 18% pour l’Union Européenne, 17% la Chine et 6% pour le Japon. Compte tenu des différences d’inflation dans la zone et des nombreux obstacles, ce n’est pas encore pour demain, mais le processus est clairement entamé.
L’Arabie Saoudite et l’Iran, sous l’impulsion de la Chine qui a réussi a négocier l’accord pour rétablir leurs relations début 2023, souhaitent vendre leurs obligations américaines et abandonner le dollar comme monnaie de règlement au profit de monnaies numériques. On sait par ailleurs que l’Inde a payé son pétrole russe en dirham des Emirats ou en rouble russe.
Cependant, il y a pour l’instant peu d’alternative au dollar. En effet, bénéficiant d’une vision de l’Europe jugée plus « impartiale » que celle de l’Amérique, l’euro a rebondi de 5% en tant que monnaie de réserve en 2022 tandis que le dollar chutait de 8%. Néanmoins, la profondeur de son marché financier n’est pas encore jugé assez « mature » ou du moins assez profond comparé à son homologue américain. En cas de trouble c’est un élément crucial pour le choix de la monnaie de réserve. Quant au renminbi chinois, ses problèmes de conversion, de liquidité et le manque de transparence du Parti Communiste Chinois ne sont pas de nature à le pousser vers le statut de monnaie de réserve de choix. Il ne reste donc, même si c’est essentiellement par défaut ce temps-ci, le roi dollar.

CONSÉQUENCES PROBABLES
Ces évènements sont précurseurs d’un système multipolaire de réserves ce qui peut réduire les risques liés à la volatilité du dollar américain et améliorer la stabilité financière. Cela est également propice au développement de marchés financiers régionaux et potentiellement la création ou le renforcement d’institutions financières pour remplacer ou compléter les institutions financières internationales dominées par les États-Unis. Les investissements étrangers peuvent aussi être impactés à cause des flux d’investisseurs à la recherche de devises alternatives. Ces dernières pourraient bénéficier de l’incertitude accrue autour de la monnaie américaine qu’entrainerait la dédollarisation. Cela contribuerait à affaiblir sa position en tant que devise de réserve dominante. Comme souvent dans les processus de transition, il y a fort à parier que les coûts induits par la diversification des réserves de change et le développement des marchés financiers régionaux soient significativement en hausse, au moins de façon temporaire, et assez dépendant de la vitesse de la transition et des politiques économiques et condition financières mondiales.
On pense également à l’impact en matière de trajectoire des changes et des effets sur l’inflation importée et exportée. Reste tout de même le fondement économique qu’une devise est fortement liée à la robustesse de l’économie à laquelle elle est attachée. En la matière, le dynamisme et la pragmatisme américain reste une référence.

RETRAITE : CHOC DES GÉNÉRATIONS ET DÉNI DE RÉALITÉ

Jean-François Carour

Le régime par répartition actuel a trouvé sa création dès 1946, permettant à tous les assurés d’obtenir une retraite par les régimes de base et les complémentaires obligatoires après 6 ans de guerre et de crise économique. Reconstruction et essor du pays, baby-boom, trente glorieuses et accroissement du nombre de travailleurs salariés, ont permis au régime de se développer avec un équilibre assuré et des excédents de réserves financières jusqu’au début des premières crises (années 70) où le taux de chômage augmente durablement à des niveaux supérieurs à 10% de la population active.
Rappelons que ce sont les salariés actifs qui cotisent pour les retraités futurs. A la création du régime, nous avions 4 actifs pour 1 retraité, en 2023 nous sommes à 1.7 actif pour un retraité. Les réformes se sont succédées : généralisation de la retraite complémentaire à l’ensemble des secteurs du privé en 1972, création du minimum vieillesse, abaissement de l’âge de la retraite de 65 ans à 60 ans (1983). Les promesses électorales se sont rapidement confrontées à la réalité économique.
Dès 1991, alerte sur l’équilibre financier à long terme de notre régime par répartition.
1993 : réforme Balladur 2003 : réforme Fillon
1995 : réforme Juppé, échec 2010 : fin de la retraite à 60 ans, passage à 62 ans
2000 : création du Fonds de réserve des retraites 2023 : réforme Macron, report à 64 ans
Ces réformes, tous régimes confondus décrivent que nos systèmes ne sont aucunement pérennes dans leurs formations d’origine et doivent s’adapter aux évolutions économiques, démographiques et sociétales.
Les progrès de la médecine et l’évolution du monde du travail ont amélioré la santé de l’individu, nous vivons plus longtemps et notamment à la retraite. Cette seconde vie de l’être humain nécessite des adaptations pour le financement de cette tranche de vie tant pour la retraite que la dépendance. Ces changements ont un coût financier plus élevé et conjugués à moins de cotisants pour davantage de retraités vivants plus longtemps.
Il n’y a pas de recette miracle et nous devons nous attendre à d’autres réformes dans les années à venir si nous voulons conserver notre modèle social pour assurer au plus fragiles une retraite décente et inciter dès maintenant ceux qui le pourront à se préparer par eux-mêmes à constituer une épargne-retraite complémentaire.

COMMENT AGIR POUR COMPLÉTER SES RESSOURCES FINANCIERE POUR SA RETRAITE ?
Par le commencement : estimer sa retraite future et évaluer son niveau de vie souhaité.
Développer sa propre capacité d’épargne tout au long de sa vie professionnelle selon ses revenus et son capital disponible. Prendre date pour chaque enveloppe de placement le plus tôt possible, c’est fixer une antériorité fiscale et constituer son capital retraite. Anticiper pour soi, son conjoint, ses enfants et petits-enfants (nous vivons plus longtemps), c’est possible. Les solutions sont diverses, efficaces et flexibles :
Le PEA et le PEA PME : capitaliser dans son PEA revenus et plus-values.
L’assurance-vie : capitaliser dans son contrat revenus et plus-values dans une enveloppe permettant la transmission du capital.
Le contrat de capitalisation : capitaliser dans son contrat revenus et plus-values avec la possibilité de le transmettre de son vivant.
Le P.E.R : déductibilité fiscale des versements, sortie en rente et/ou capital. Transmission à son conjoint.
Epargner pour ses (petits-)enfants : dons de somme d’argent, PEA Jeune, PER, donations.
La répartition a une raison fondamentale d’exister par le principe de solidarité entre générations mais la réalité est celle d’accepter que ce régime ne puisse pas garantir les niveaux de retraite connus ces dernières décennies. Ce serait illusoire de le croire. La capitalisation est indéniablement le complément nécessaire pour s’assurer des revenus futurs. Elle n’est pas obligatoire mais jusqu’à quand ?…
Avec votre gérant privé, prenez le temps d’analyser votre situation afin de prendre les bonnes décisions pour vous préparer à une organisation patrimoniale pour vous, votre conjoint et votre famille. FLORNOY FERRI vous aidera à construire les solutions répondant le mieux à votre recherche d’équilibre entre capital, revenus et fiscalité : les outils nous les avons et nous prendrons le temps de vous les expliquer.

Le tumulte massif autour des banques le mois dernier était une des manifestations des dommages consécutifs à la hausse rapide des taux. Mais cette dernière a également des impacts dans les secteurs de l’immobilier, l’industrie et la consommation dont les indicateurs pointent tous en direction d’une récession imminente. Pour autant, la bourse n’étant qu’une partie de l’économie et réagissant tout aussi fortement aux anticipations des investisseurs et à leur psychologie du moment, elle affiche actuellement des niveaux insolents d’optimisme. Ces derniers sont portés par le niveau des bénéfices des entreprises, encore élevés et déconnectés de la réalité tangible, bien qu’ils aient été déjà significativement révisés à la baisse sur les 9 derniers mois. La fixation d’une date limite en matière du plafond de la dette aux Etats-Unis pourrait intervenir courant Mai et sonner une forme de retour à la réalité. Par ailleurs, les opérateurs devraient à nouveau remettre la dimension géopolitique au centre du jeu à l’approche dans 9 mois des élections de Taiwan (janvier 2024) et des Etats-Unis (novembre 2024).

A l’heure où nous rédigeons ces lignes, un gros tiers des résultats d’entreprises américaines ont été publié et 80% étaient légèrement supérieurs aux attentes. Cependant, cela ne suffit plus à alimenter la hausse. Toute déception ou alerte est désormais lourdement sanctionnée. Les bancaires restent fébriles comme en témoigne la chute de Santander, solide poids lourd du secteur, entre autres sur une baisse trimestrielle de 6% de ses dépôts. Le marché a voulu se faire peur et y lire une crainte des clients plutôt que d’attribuer la baisse à la concurrence évidente des fonds monétaires, offrant des niveaux plus compétitifs que les comptes à terme. Cela devrait continuer puisque le marché s’attend à ce que la Fed monte ses taux une dernière fois, la BCE quant à elle signale encore deux à trois hausses. Par ailleurs, la volonté des régulateurs de raffermir les contrôles autour des liquidités disponibles des banques et probablement aussi autour de la capitalisation des banques régionales américaines, sont défavorables aux porteurs d’actions bancaires mais favorables, au contraire, aux détenteurs d’obligations.

Dans ce contexte, nous nous sommes positionnés pour refléter ces tendances en préférant, sur les actions, les secteurs défensifs (+5% vs mois dernier). Nous conservons une surpondération sur la technologie avec la fin de la hausse des taux en vue et anticipée dans les cours par le marché.

Sur les obligations, nos portefeuilles restent strictement inchangés en tout par rapport au mois dernier : duration remontée de zéro à 1,6 ans début avril et désormais stable, rating moyen BB+. Nous sommes plus que jamais convaincus par notre pari réglementaire sur les « Legacy Tier 1 » face à l’absence de toute complaisance sur le sujet des bilans bancaires, à la fois de la BCE, mais également de la European Banking Authority.

LE CAP DE LA GESTION COLLECTIVE FLORNOY

Actions

Positionnement cible : 53% (+5%) défensives, 45% (-3%) cycliques, 2% (-2%) cash

Secteurs :                          renforcement :  Santé, Technologie

                                         allègement :      Industrie

Obligataire

Positionnement cible :  50% (=%) taux fixe, 47% (+3%) taux variable, 2% (=%) convertibles, 0% (-4%) cash
Rating : 40% (+3%) invest. grade, 42% (=%) high yield, 15% (=%) non noté, 0% (-4%) cash
Secteurs : 80% (+4%) finance, 10% (-1%) industrie, 3% (-1%) techno/com, 1% (-1%) biens conso cyclique, 1% (=%) matériaux de base, 1% (=%) énergie, 0% (-4%) cash