FLORNOYSCOPE – Avril 2022

Le 31 mars 2022

Tous les mois nous vous proposerons une lettre avec les rubriques d’information Focus, Patrimoine, Allocations, Performances, dont les sujets varieront.

La version PDF est disponible ici ou ci-dessous. 

La version papier est disponible sur simple demande.

LE MOT DU DIRECTOIRE

AU FAIT, ON VOTE CE MOIS-CI ?

Alors que « rase Poutine » se prépare à une victoire à la « pire russe », il parait qu’on vote pour notre président de la République ce mois ci. L’évènement a du mal à tenir la comparaison devant l’importance des enjeux géopolitiques ou des nouvelles sanitaires tellement l’issue de l’élection parait certaine. Aucun slogan de campagne n’aura marqué les esprits. La campagne du rien. Le « même » après le « en même temps ».  Le nouveau chef de la France devra faire preuve d’immunisation contre la hausse des taux et du cout de la dette. Nos gérants s’attendent à un rapprochement notable entre l’Europe et les États-Unis sous la houlette des positions pro américaines de l’Allemagne et d’Emmanuel Macron au cours de son possible prochain mandat. Ils pensent que nous devrions être témoins d’une salve de fusions & acquisitions transatlantiques au sein du tissu corporate des deux zones. Plus localement, pas ou peu d’impact à attendre sur notre marché domestique de la réforme des retraites à venir.   

Le Directoire

ELECTRODOLLARS ET LA MISE A L’ÉPREUVE DES ENGAGEMENTS ESG

Teddy Dewitte

LE PRIX DES CONTROVERSES

Alors que l’épisode COVID a provoqué un fort élan envers l’ESG, la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les matières premières met clairement à l’épreuve les engagements des populations ayant une forte dépendance énergétique et pourrait déclencher des réactions sociales aussi fortes que le printemps arabe de la part de celles dépendantes sur le plan alimentaire. Ce qui se joue actuellement c’est de trouver à la fois un équilibre et une hiérarchisation des priorités dans le temps entre les exigences de l’ESG, le bien-être des personnes et la croissance des entreprises. Car la taxonomie et tous les projets liés à la loi de transition énergétique sont issus de 2015, époque « idéale » par rapport aux années COVID et à l’actuelle tension géopolitique qui, si elles ne remettent pas en cause les enjeux à moyen et long terme, se doivent d’adopter un principe de réalité quant au timing des priorités qui s’imposent à nous.

C’est d’autant plus vrai que des imperfections majeurs sont apparues récemment sur les notations ESG. On pense à l’affaire récente d’ORPEA présentée comme championne du RSE, mais c’était déjà le cas de BP avant l’explosion de Deepwater Horizon en 2010, de Volkswagen avant son dieselgate en 2015 ou encore de La Poste et ses conditions de travail conduisant à des drames humains en 2019. Aujourd’hui, la transition énergétique vise à protéger la planète mais également à nous affranchir de pays comme la Russie, l’Iran ou le Vénézuéla. Et cela coûte très cher.

Loin de nous la volonté de jeter le bébé avec l’eau du bain. La taxonomie et l’ESG en général sont des projets magnifiques, urgents, nécessaires et absolument vitaux. Il faut juste prendre en compte l’environnement actuel et la réalité des impératifs des besoins énergétiques des populations plutôt que de rester dans le dogmatisme. La préservation de l’humain sur le long terme passe, entre autres, par le développement d’énergies propres. Cela pointe les pays producteurs de matières premières indispensables aux nouvelles sources d’électricité comme étant les grands gagnants. A l’instar des pétrodollars des pays du Golfe dans les années 70s qui n’auraient pas passé les fourches caudines de l’ESG, voyons comment seront analysés les pays bénéficiaires des électrodollars.

ÉLECTRODOLLARS

Comme le dit justement Natixis dans une étude récente, l’Europe tire de ses crises le courage des décisions qui renforcent sa construction. Les subprimes de 2008 ont poussé la BCE à dépasser ses dogmes et défendre l’EURO envers et contre tout avec le « whatever it takes ». La crise COVID a abouti sur le plan mutualisé d’investissement « Next Generation » écrasant l’austérité du traité de Maastricht au passage. L’Ukraine a mis en lumière le besoin de souveraineté énergétique et militaire qui devrait être financée directement par l’UE et non pas par les Etats-membres.

A la différence du passé, nous devons désormais concilier à la fois les enjeux ESG et les besoins stratégiques imminents. Seulement voilà, cette transition vers l’autonomie énergétique se veut propre et va se faire à coup d’électrodollars sur les 15 à 20 prochaines années, remplaçant les pétrodollars. Cela signifie que nous allons acheter notre indépendance énergétique en devenant très… dépendants (sic !) des producteurs de « matières premières vertes ». En premier lieu, cela concerne les métaux rares tels que le cobalt, lithium, nickel, zinc, aluminium, argent, et cuivre. Ces derniers sont surtout disponibles en Chine, Australie, Russie, Congo, Brésil, Chili, Pérou, Philippines et Indonésie. Pas tous des modèles de démocratie… The Economist parle de « malédiction des matières premières » dont la manne favorise conflits et dictature (re sic !). Il faudra donc mettre un mouchoir sur la controverse, le social ou la gouvernance de ces pays producteurs au nom de la sauvegarde de l’environnement. C’est le principe de réalité qui hiérarchise le E, le S et le G. Dans cet ordre semble-t-il. A moins que l’on s’impose plus de sobriété énergétique, mais cela, c’est une autre histoire.

Arnaud Mortini

CLAUSE BÉNÉFICIAIRE : UTILISER UNE SOCIÉTÉ CIVILE POUR PROTÉGER UNE PERSONNE MINEURE OU EN SITUATION DE HANDICAP

Lors de la souscription d’un contrat d’assurance-vie, le souscripteur a la possibilité de désigner traditionnellement la ou les personnes qu’il a choisies pour percevoir les fonds issus du contrat au moment de son décès. La désignation de ces personnes intervient la plupart du temps lors de l’ouverture du contrat. Elle peut bien entendu être modifiée par la suite en fonction des souhaits personnels du souscripteur et/ou de l’évolution de la composition de son patrimoine.

Outre l’intérêt fiscal au moment de la transmission des avoirs financiers, le contrat d’assurance-vie vous permet d’organiser et d’orienter une partie de votre patrimoine. Cet

outil est particulièrement utile dans le cas de l’organisation d’une succession au profit d’une enfant mineur ou encore d’une personne en situation d’handicap. L’objectif ici recherché est le contrôle de l’utilisation des fonds attribués. Mais encore faut-il correctement rédiger la clause attachée au contrat.

Chose peu connue mais très précieuse sur un plan patrimonial, le bénéficiaire désigné peut en effet être une personne morale, en l’occurrence une société civil, afin de s’assurer de la bonne gestion des fonds en cas d’une inaptitude temporaire ou définitive du ou des bénéficiaires « effectifs ».

Afin que ce montage soit accepté par l’assureur, il faut que cette société soit préalablement constituée au moment de la rédaction de la clause et que les statuts soient rédigés en conséquence : un gérant de la société devra être nommé et devra avoir la capacité de prendre les décisions d’administration des fonds à venir. Bien entendu, il sera indispensable pour respecter la volonté du souscripteur-assuré que les parts sociales soient bien léguées aux bénéficiaires finaux par le biais de son testament.

De même, la gérance de la société pourra être fixée pour un temps donné si la volonté du souscripteur est de s’assurer pendant une période prédéterminée de la bonne gestion des fonds avant que les associés (enfants de l’assuré devenus majeurs par exemple) puissent prendre leurs propres décisions.

Il peut également être utile de prévoir le cas où cette société viendrait à disparaître (liquidation, fusion, etc…). Dans cette situation, désigner les bénéficiaires par défaut sera indispensable (les associés de la personne morale préalablement constituée) afin d’éviter que la prestation rejoigne la succession de l’adhérent.

Quelques points de vigilance d’ordre fiscal :

1.  La société civile ne devra pas être assujetti à l’Impôt sur les Société (IS) auquel cas la perception des capitaux décès du contrat sera taxée au titre de l’imposition des bénéfices.

De facto, il faudra impérativement que la personne morale soit transparente fiscalement (assujetti à l’Impôt sur le Revenu (IR)) afin de profiter de la même fiscalité que pour un bénéficiaire personne physique.

2.  Dates de versements des primes : Le contrat d’assurance-vie devra être alimenté par des primes versées avant les 70 ans de l’assuré. Si ce n’est pas le cas, les Droits de Mutation à Titre Gratuit s’appliqueront entre l’assuré et la société civile au taux de 60%, ce qui rend cette opération inintéressante. En revanche, pour toutes les primes payées avant les 70 ans de l’assuré, l’abattement de 152 500 euros s’appliquera et le taux de prélèvement sera de 20% ou de 31.25% en fonction du montant des capitaux-décès.

3.  Enfin, l’abattement de 152 500 euros s’appréciant par bénéficiaire, la multiplication de ce type de montage avec différentes sociétés ayant les mêmes associés ne permettra pas de multiplier les abattements. Attention à l’abus de droit fiscal…

Vous l’aurez compris, la désignation d’une personne morale comme bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie interviendra essentiellement dans le cas d’une organisation patrimoniale très spécifique. Nous vous conseillons donc de vous rapprocher de votre gérant privé au 01 42 86 53 00 avant d’envisager ce genre de solution.

NOS VUES

23 JOURS

Le mois dernier nous partagions les statistiques de réaction de la bourse lors des différents évènements de type guerre ou attentat. La moyenne pour chercher le point bas était de 16 jours. Cette fois ci, il aura fallu 15 jours au CAC40 . Ensuite, la récupération du cours précédent l’évènement prenait 34 jours en moyenne. Il ne s’est finalement passé que 23 jours. Sur les autres indices cela a encore été plus rapide. Génération zapping. L’impact du zéro COVID en Chine a probablement plus d’impact que la guerre en Ukraine. Fou.

« EXPEDITIOUSLY »

Ce mot n’a pas été prononcé par Mary Poppins mais par Jerome Powell le patron de la Fed. Il est très rarement utilisé et synonyme d’une volonté de monter les taux vite et fort. Si il n’est pas toujours aisé de déceler le moment d’un changement de régime, cette fois-ci il est difficile d’être plus clair. La violente remontée de l’inflation conjoncturelle et structurelle a provoqué la stupeur des banques centrales fin 2021 et cette dernière a finalement laissé place à leurs vives réactions dès ce premier trimestre 2022, provoquant le plus important écroulement du marché obligataire depuis 1994. Après 8 ans de taux négatifs, le choc est violent. Le prochain temps de cette valse concernera vraisemblablement la stagflation, au moins en Europe, notamment à cause du conflit en Ukraine. Il semble déjà loin le temps de la reprise économique post COVID alors que nous sommes encore les deux pieds dedans.

Aux Etats-Unis, la courbe des taux entre les maturités 2/10 ans s’est brièvement inversée, ce qui fait dire aux observateurs que l’économie américaine est dans l’antichambre de la récession. En réalité, c’est historiquement l’inversion durable entre les maturités 3 mois et 10 ans qui est le véritable marqueur avancé de l’entrée en récession et ce, avec un décalage d’environ 15 mois. Statistiquement, cela commence toujours par la pente 2/10 ans qui s’inverse 2 à 3 mois avant la pente 3m/10 ans. En 2019 pourtant, cela n’a pas été le cas, les achats massifs de Treasuries US par la Fed ayant perturbé les statistiques et créés des débats d’experts. Pour autant il y a bien eu récession en 2020, même si cette dernière n’était pas prévisible puisque liée au sanitaire.

La seule demi certitude que nous livre l’histoire, c’est que la bourse a toujours continué à performer entre 3% et 24% pendant 2 à 15 mois après l’inversion du 3m/10 ans. Donc, selon toute logique (relative), maintenant que le 2/10 ans s’est inversé, le 3m/10 ans  devrait suivre fin du 2e trimestre 2022 et la bourse continuer à grimper jusqu’au moins le 3e trimestre 2022, voir 2023. En résumé le chronomètre n’est pas encore déclenché, mais tenez vous prêt dès le T4 2022!

TABLEAU DE BORD

LE CAP DE LA GESTION COLLECTIVE FLORNOY

Actions

Positionnement cible :   46% (+2%) défensives, 47% (-8%) cycliques, 7% (+6%) cash

Secteurs : 

renforcement : Santé, Alimentation & Boissons, Utilities

allègement :     Banques, Automobiles, Services financiers

Obligataire

Positionnement cible : 51% (+1%) taux fixe, 42% (-1%) taux variable, 4% (=) convertibles, 3% (=) cash

Rating : 39% (=) invest. grade, 36% (+1%) high yield, 22% (-1%) non noté, 3% (=) cash

Secteurs : 

75% (=) finance, 10% (=) industrie, 7% (=) techno, 2% (=) biens conso cyclique, 2% (=) matériaux de base, 1% (=) énergie, 3% (=) cash