FLORNOYSCOPE – Septembre 2023
Tous les mois nous vous proposerons une lettre avec les rubriques d’information Focus, Patrimoine, Allocations, Performances, dont les sujets varieront.
La version PDF est disponible ici ou ci-dessous.
La version papier est disponible sur simple demande.
LE MOT DU DIRECTOIRE
REDRESSEMENT HOMÉRIQUE
Pendant longtemps, la Grèce a été perçue comme l’homme malade de l’Europe, engluée dans une crise de la dette qui a nécessité plusieurs sauvetages financiers et a plongé le pays dans une récession profonde. Le pays a entamé une transformation remarquable. Les réformes structurelles, couplées à des politiques fiscales prudentes, ont redressé les finances publiques. Le secteur privé a également fait preuve de résilience, stimulant la croissance et l’emploi. L’attrait touristique du pays, son secteur maritime dynamique et l’émergence de nouvelles industries (energies renouvelables, aqua/agricultures biologiques, technologie) ont alimenté cette renaissance économique. Le rehaussement de la note souveraine de la Grèce à un niveau investment grade est anticipé pour le début 2024 et sera le reflet de cette transformation. Cela signifie non seulement une reconnaissance de la solidité retrouvée de l’économie grecque, mais ouvre aussi la porte à des investissements étrangers accrus, à des coûts d’emprunt réduits et à une confiance renouvelée sur les marchés mondiaux. C’est le retour d’une spirale vertueuse pour le pays et notamment ses banques qui comptent parmi nos investissements obligataires de choix. Beau modèle de résilience et de redressement, prouvant qu’avec de la détermination et des bonnes politiques, un retournement économique massif est possible.
Le Directoire

CHINE : PLUS DE BRICS POUR UN MUR ANTI-DOLLAR

Le sommet des BRICS, qui rassemblait jusqu’à présent ses initiales, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, représente un forum important pour les économies émergentes. Il vise non seulement à promouvoir la coopération économique entre ses membres, mais aussi à offrir une alternative aux institutions financières occidentales dominées par le G7. Mais face à l’ennemi économique ou politique américain dont l’influence monétaire leur est devenue insupportable, les initiatives des BRICS se multiplient pour ancrer la dédollarisation : vente des obligations américaines, paiements des matières premières comme le pétrole en Dirham des Emirats, tentative de création d’une nouvelle monnaie, recrutement de nouveaux membres au sein des BRICS ce qui sera chose faite en janvier 2024. Les six nouveaux membres seront : l’Argentine, l’Egypte, l’Iran, l’Ethiopie, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis.
GESTICULATIONS DE LA CHINE
La Chine est le leader des BRICS, mais elle traverse depuis l’après COVID une catastrophe économique de grande ampleur : elle peine à raviver sa croissance notamment avec un changement démographique profond, le chômage des jeunes a doublé en 5 ans et la bulle immobilière a partiellement explosé. Dans ce contexte, certains qualifient l’attitude actuelle du pays de gesticulations désespérées après sa série de mauvaises décisions. Ainsi, la Chine a exprimé son intérêt à impliquer davantage l’Afrique dans ses initiatives, pour diverses raisons stratégiques telle que contrebalancer l’influence économique et politique du G7. En tissant depuis longtemps des relations plus étroites avec l’Afrique, la Chine a voulu sécuriser son accès aux ressources naturelles mais elle espère également créer un bloc économique plus unifié qui peut présenter une alternative crédible aux pays du G7, en termes d’investissements, de commerce et de coopération. C’est également un moyen d’accélérer la dédollarisation, car la dépendance mondiale au dollar américain comme monnaie de réserve et d’échange est une préoccupation pour la Chine. En renforçant ses liens avec l’Afrique, la Chine espère promouvoir l’utilisation du yuan dans les transactions internationales. Plusieurs pays africains ont déjà commencé à stocker des réserves en yuans, et un engagement accru pourrait accélérer cette tendance.
L’INDE, L’AUTRE LEADER PLUS PRO-MONDIAL
Mais la Chine pourrait changer de cap lors du rassemblement du Parti Communiste fin octobre, car elle souhaite devenir LA référence sur le plan technologique et centrer sur ce thème son nouveau plan de développement. Or, la Chine et l’Inde sont en constante compétition pour l’hégémonie régionale en particulier autour du leadership technologique.
Depuis les années 2000, la Chine a investi massivement dans la recherche et le développement, devenant un acteur incontournable dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, la 5G ou encore la biotechnologie. Son modèle est basé sur une combinaison d’investissements d’État, d’une politique industrielle agressive et d’un soutien actif à ses champions nationaux comme Huawei, Tencent ou Alibaba. Ces entreprises sont désormais présentes sur tous les continents et rivalisent avec les géants technologiques occidentaux.
De son côté, l’Inde possède un atout majeur : sa vaste industrie informatique. Depuis les années 90, l’Inde est devenue le centre mondial des services informatiques, avec des entreprises comme Infosys, Wipro ou TCS. Contrairement à la Chine, le développement technologique indien est principalement piloté par le secteur privé. De plus, le pays mise énormément sur les start-ups, en témoigne la prolifération des « licornes » indiennes dans des secteurs tels que la fintech, la santé digitale et l’e-commerce.
Les 2 pays voient la technologie comme un moyen d’améliorer la vie de leurs citoyens (villes intelligentes, santé numérique ou éducation en ligne). Mais l’approche chinoise est plus centralisée, avec le Parti jouant un rôle clé dans la définition des priorités technologiques afin de «remodeler l’ordre mondial» selon ses propres termes. En revanche, l’Inde aspire à une position de leader parmi les démocraties du monde. La suprématie technologique dépasse largement le simple cadre économique, il représente un vecteur d’influence sur la géopolitique, la culture et les sociétés du monde entier et la démographie est un aspect clé de l’équation. A ce stade nous misons plutôt sur l’Inde…

DÉTENIR SA RÉSIDENCE PRINCIPALE AU SEIN D’UNE SOCIÉTÉ CIVILE

Si la solution d’acquérir sa résidence principale en société peut offrir de nombreux avantages, elle s’accompagne de certaines contreparties. Elle n’est donc pas adaptée à toutes les situations.
LES AVANTAGES DE LA DÉTENTION EN SOCIÉTÉ
La société permet de mieux organiser la gestion de l’immeuble et d’éviter les contraintes de l’indivision (unanimité requise pour de nombreuses décisions, faculté de demander le partage à tout moment, etc.). Des solutions sur mesure peuvent, en effet, être définies au sein des statuts.
La comptabilité se révèle utile pour conserver l’historique des dépenses prises en charge par chaque associé. La preuve des créances dont chacun pourrait se prévaloir sera ainsi plus aisée. On limitera d’autant les difficultés en cas de séparation ou lors de la succession.
Sur le plan de la transmission, les avantages sont nombreux. Contrairement à l’immeuble, les parts peuvent faire l’objet de donations échelonnées dans le temps sans créer d’indivision. Les abattements fiscaux peuvent ainsi être mieux exploités. Il est aussi plus aisé de recourir à la donation-partage et donc, de sécuriser les effets de la transmission. En aménageant les statuts, les donateurs pourront s’assurer des pouvoirs étendus. Ils peuvent, par exemple, rester titulaires du droit de vote s’ils se réservent l’usufruit des parts.
La société peut aussi être efficace pour protéger le conjoint, le partenaire ou le concubin lorsque la situation familiale présente des particularités (recomposition familiale, situation de conflit, ouverture d’une mesure de protection…). Des stratégies spécifiques peuvent alors être envisagées.
LE TRAITEMENT FISCAL DES REVENUS ET DES PLUS-VALUES
Lorsque la société est soumise à l’impôt sur le revenu, la mise à disposition gratuite en faveur des associés n’est pas imposable. En contrepartie, les charges ne peuvent être déduites. La plus-value fait l’objet d’une exonération, au même titre qu’une détention en nom propre. Cette exonération ne bénéficie toutefois qu’aux seuls associés occupants.
A l’inverse, si la mise à disposition se fait en contrepartie d’un loyer, ce dernier est imposable dans la catégorie des revenus fonciers. L’exonération de la plus-value sera alors exclue.
L’acquisition au sein d’une société soumise à l’impôt sur les sociétés n’est généralement pas recommandée, bien qu’elle soit possible sur le plan juridique. Ce choix implique, en effet, de nombreuses contraintes et prive de tout avantage particulier au titre de la plus-value.
LES LIMITES DE LA DÉTENTION EN SOCIÉTÉ
Sur le plan civil, le logement ne bénéficie pas de la même protection que lorsqu’il est détenu en nom propre. La société prive notamment le conjoint survivant du droit de jouissance temporaire et du droit viager au logement. En cours de mariage, un époux ne peut pas s’opposer à la vente du bien s’il ne dispose pas d’un titre ou de prérogatives spécifiques.
Sur le plan fiscal, certains avantages sont exclus, comme l’abattement de 30% au titre de l’IFI ou encore l’abattement de 20% (applicable sous conditions) pour le calcul des droits de succession. Il a également été précisé récemment que le bénéfice du dispositif « MaPrimeRénov » doit être écarté pour les logements détenus en société (RM Jacques, JOAN 01 août 2023, n°5801).
L’acquisition de la résidence principale est un motif de déblocage anticipé pour plusieurs produits d’épargne salariale et retraite (PEE, PER notamment). Lorsque celle-ci est faite en société, la demande ne pourra être envisagée.
Enfin, des contraintes supplémentaires peuvent exister si l’on souhaite louer le bien immobilier, même ponctuellement. Sauf cas particulier, la mise en location meublée fera basculer la société à l’impôt sur les sociétés avec toutes les conséquences qui en découlent.
Ces particularités doivent être prises en compte avant toute prise de décision.

NOS VUES
L’été fut plutôt tempéré sur les marchés ! On aurait pensé que le risque de correction était élevé compte tenu du niveau de valorisation des actions, surtout par rapport au monétaire et aux obligations. Mais 2 nouvelles ont soutenu les marchés : la chute des prix à la production et donc de l’inflation un peu partout et un léger fléchissement dans le discours des banquiers centraux quant à leurs hausses de taux. Ajoutons sur ce les résultats incroyables de NVIDIA qui confirment que l’IA n’est pas un feu de paille (prévisions revues à la hausse pour 2024, 2025 et 2026) et on se retrouve avec des marchés actions qui ont suivi leur saisonnalité historique : hausse en juillet et légère baisse en aout pour finir étales sur l’été. Les chiffres macro faiblissent, surtout en Europe, car les effets des hausses de taux dans l’économie se font désormais sentir. C’est l’Allemagne qui est (re)devenu l’homme malade de l’Europe, surtout à cause de ses anciennes forces qui se sont retournées: la Chine en berne et l’industrie automobile traditionnelle qui a eu du mal avec l’anticipation du virage électrique par rapport à des concurrents, parfois nouveaux, très véloces. De leurs côtés les pays dits « périphériques » que sont la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie, tirent les fruits du programme « Next Gen EU » et dix ans après la crise des souverains, de la restructuration profonde de leur système bancaire. Les Etats-Unis bénéficient d’une croissance assez résiliente grâce à un marché de l’emploi qui se tient bien, ce qui favorise la consommation et les salaires. Le « soft landing américain » est une réalité. La grosse question reste la trajectoire de l’inflation cœur, tandis que l’inflation globale est en chute libre et à même croisé sous les taux directeurs. Dans ce contexte, les banques centrales temporisent avec le « higher for longer » de l’autre côté de l’Atlantique, couplé à plus d’émissions primaires et moins de liquidités. Malgré cela, le marché obligataire se tient puisqu’en valeur absolue les taux sont redevenus très attractifs, ce qui aident à faire venir les acheteurs. Nous pensons que la fin de l’année ne sera pas positive pour les actions européennes. A noter tout de même que l’absence de récession US pourrait entrainer un phénomène technique positif pour la zone : l’ajustement du scénario central des analystes visant des cours globalement plus haut. L’un dans l’autre, nous sommes assez largement neutres sur la classe d’actif avec une surpondération aux US. Sauf énorme surprise de l’inflation cœur, l’environnement actuel profitera plutôt aux taux, à la fois en directionnel mais aussi et surtout en portage (positif sur le crédit donc). D’autant que l’absence de récession marquée devrait épargner le secteur du « high yield » (haut rendement) puis que les taux de défaut devraient restés contenus. Nous avons un peu augmenté la duration des portefeuilles (plus de risque directionnel) et restons fortement investis sur les financières périphériques seniors ou LT2.
TABLEAU DE BORD

LE CAP DE LA GESTION COLLECTIVE FLORNOY
Actions
Positionnement cible : 58% (-1%) défensives, 38% (-1%) cycliques, 4% (+2%) cash
Secteurs : renforcement : Banques
allègement : Industrie
Obligataire
Positionnement cible : 51% (+3%) taux fixe, 43% (-3%) taux variable, 2% (=%) convertibles, 4% (=%) cash
Rating : 39% (-1%) invest. grade, 42% (+3%) high yield, 13% (-2%) non noté, 4% (=%) cash
Secteurs : 76% (-1%) finance, 10% (=%) industrie, 2% (-1%) techno/com, 3% (=%) biens conso cyclique, 2% (=%) biens conso non cyclique, 1% (=%) matériaux de base, 3% (+2%) énergie, 4% (=%) cash



